L’Union au Congo : Introduction

Le mois de juin 1957
est marqué par le fameux périple de l’Union Saint-Gilloise au Congo alors
encore belge, mais plus pour longtemps : un voyage justement controversé
en raison des émeutes qui éclatèrent lors du match face à l’équipe composée des
meilleurs éléments autochtones au Stade Roi Baudouin de Léopoldville…

Le contexte du côté
saint-gillois

Après la douloureuse
expérience d’une première relégation survenue au printemps 1949 et la remontée
en Division d’Honneur deux ans plus tard, l’Union retrouve progressivement un
peu de son aura d’avant-guerre. Sous la direction sportive d’André Vandewyer,
le légendaire gardien de l’Union 60 et futur sélectionneur national, de bons
joueurs débarquent au Stade Marien où provienne de nos équipes d’âge. L’exemple
d’Henri Diricx est emblématique : natif de Duffel et affilié dès
l’adolescence. Il devient l’âme de l’équipe qui, en 1956, termine à la
troisième place derrière Anderlecht et l’Antwerp. Au printemps suivant, c’est
moins brillant avec des hauts et des bas. Une victoire par 7-1 sur le Beerschot
mais aussi une défaite par… 7-0 à Tilleur avec, à la clé, une neuvième place
avec un nombre équivalent de victoires et de défaites pour 30 points. L’Union
n’en compte pas moins plusieurs internationaux A ou B tels – outre
« Rie » Diricx – les Léon Close, « Tintin » Janssens, Théo
Van Rooy, Gaston Van Biesen, Sébastien Jacquemyns, Remy Vande Weyer (11 buts au
cours de l’exercice écoulé), le gardien Fernand De Corte, André Masset (militaire)
et un certain Paul Vandenberg qui est déjà, à vingt ans seulement,
« la » vraie « star » de l’équipe. Il y a aussi Jean-Pierre
Janssens, le « cadet », et Frans Laureys, notre fameux
« Bélier » (11 buts également), sans oublier Willy Bruggeman, notre
autre gardien. L’équipe qui embarque à bord du DC-6 de la Sabena le 10 juin
1957 à l’aéroport national de Melsbroek – on ne parle pas encore de Zaventem –
a bien fière allure.

 

Le contexte du côté
congolais

Si le football a été
rapidement introduit dans la colonie, il a été longtemps réservé aux
« Blancs ». Pour les autochtones, sa pratique se limitera longtemps à
des moyens de fortune. Sans chaussures, sans maillot, sans pelouses ! Les
choses s’améliorent pourtant progressivement. Des équipes « mixtes »
se créent au sein de compétitions locales dont l’élite est regroupée dans le
secteur de la capitale Léopoldville. A partir de 1953, le Beerschot, Anderlecht
et le Standard se succèdent à l’invitation des pouvoirs coloniaux. Devant le
succès croissant du ballon rond, un Stade Roi Baudouin (eh oui !) d’une
capacité de 60.000 places (majoritairement debout comme quasiment partout à
l’époque !) est érigé dans la future Kinshasa. Lorsque l’Union est invitée
au Congo, une « sélection africaine » existe déjà. Mieux : elle
revient d’une tournée en Belgique qui, quoique pas vraiment réussie sur le plan
arithmétique – avec notamment une défaite spectaculaire face au Sporting du
Parc Astrid – n’en constitue pas moins la base d’une équipe nationale
congolaise autour du fameux Paul Bonga-Bonga. Lequel comme par hasard rejoindra
les rangs du Standard quelques semaines plus tard, et dont il deviendra le
meneur de jeu de l’équipe championne de 1961 et de 1963. Il ne sera pas le
seul à émigrer vers la future ex-mère patrie: Théophile Lolinga arrive à
Saint-Trond (dont le jeune entraîneur était Raymond Goethals) en 1958 – il
achèvera sa carrière au FC Liégeois dix ans plus tard – suivi par Lucien N’Dala
(lui aussi trudonnaire, jusqu’en 1967), tandis que Max Mayunda opte pour… le
Daring (de 1959 à 1966). L’Union, elle, attendra l’année de l’Indépendance pour
affilier le jeune Julien Kialunda qui n’était donc pas concerné par les
évènements de 1957. 

Photo : http://unionhisto.skynetblogs.be